Pourquoi fait-on ça ?
La variété des formats des créations produites par la Cie nous pousse régulièrement à requestionner notre démarche artistique générale. Que faisons-nous, en tant qu’artistes et citoyens dans notre société actuelle ? Que peut-on espérer dire et transmettre lors d’un spectacle-promenade, d’une parade, d’une déambulation, d’un spectacle en salle, d’un spectacle dans un lieu non-dédié, d’un concert ? Pourquoi cet attrait persistant vers les lieux non-conventionnels ?
La rue ou le plein air, les lieux déjà investis de la présence populaire, permettent une rencontre des publics plus large mais aussi de nature différente, car elle laisse de la place à l’aléatoire, au hasard, crée une friction avec la vraie vie. Venir chercher le public dans son espace de vie et l’inviter à un voyage riche et accessible est une volonté forte, artistique mais aussi politique. C’est un premier moyen concret de la construction du « vivre ensemble ».
La nature fondamentalement esthétique de nos propositions permet d’immerger le public dans des situations extra-ordinaires, des atmosphères, de le solliciter sur le plan émotionnel, sensoriel et physique. Nous veillons à ce qu’il puisse se sentir spect’acteur de son spectacle.
Les premières créations de la Cie, avec R-Elementaire et ses satellites, proposent une rencontre inédite avec la nature, où réel et imaginaire se confondent. Cette immersion poétique forte permet au public de s’éveiller à la fragilité de l’environnement par un biais nouveau : il ne s’agit plus d’un discours écologique didactique, mais de vivre et ressentir la nécéssité de maintenir un équilibre, la conscience de faire partie d’un tout, d’être relié et interdépendant avec le monde vivant dans toute sa diversité. Comect Taoune appuie plus spécifiquement l’idée d’interconnexion, mais aussi l’intérêt du voyage, de la rencontre et de la transmission intergénérationnelle.
Avec L’eau ça brûle, il est encore question de tolérance et de préjugés à désamorcer, sur un plan plus social cette fois, la rue devenant le fond de scène dramaturgique, avec un personnage principal qui fantasme sa vie amarré au banc public où il a élu domicile.
Nous avons également creusé plusieurs projets à partir de l’élément papier.
Le papier - via l’écriture - marque l’entrée de l’humanité dans l’Histoire. Fragile mais d’une force symbolique irremplaçable, le papier est le support primaire, le vecteur utilisé sous toutes ses variantes pour fixer, transmettre et véhiculer ses pensées. Le papier crée fondamentalement du lien : au-delà du contenu qu’il permet de noter, il induit le geste de tendre la main, pour donner et recevoir : voilà le premier pas vers le partage des idées !
La Compagnie explore déjà le matériau papier avec R-Elementaire, avec l’idée que l’imagination et l’intelligence humaines, voyageant via l’écriture, sont les clés d’une harmonie possible du vivant.
Sous le souffle d’un vent d’imagination, des livres abandonnés ont muté en Papliers, sortes de papillons de papier géants, qui terminent leur cycle de vie par une métamorphose enflammée. Leurs cendres, fertilisant le sol de poésie et d’histoires, donnent vie à cet écosystème hybride, où nature et humains sont réconciliés.
En 2012, le Vent du Riatt imagine La Grande Parade des Weepapiers. Ce peuple de papier, apparaît aux humains pour diriger une grande vague d’emballage urbain, véritable « papierisation » de la ville et de ses habitants, à la recherche du Paplier Originel.
En créant les costumes comme de véritables scultpures, l’objectif était de révéler le potenciel plastique de ce matériau en présentant un maximum de principes différents de mise en forme du papier. Cette exploration est prolongée avec la création pour médiathèques Les Ti-Weepapiers, qui approfondit un propos plus militant : le peuple des Weepapiers, fragile et menacé par les Tounumériques, a besoin d’une prise de conscience générale pour survivre : le papier est un vecteur d’expression libre, directe et protéïforme à défendre activement !
L’idée est déclinée en forme déambulatoire interactive, utilisant la criée publique avec Recto, Verso et la Boîte A Mour, qui se font porte-paroles de vos messages de fraternité et pensées positives et s’activent à créer du lien concret entre les individus.
La Cie développe aussi plusieurs créations autour de l’Art, entre sensibilisation et clins d’œils décalés, toujours dans l’idée de rendre accessible notre patrimoine commun, et d’ouvrir les portes de la curiosité chez le public. Point de Fuite, La Rue est vers l'Art.
Quand à Mèche Courte nous emmène dans l’univers scientifique, dans un esprit de vulgarisation humoristique, et totalement transfiguré par une approche véritablement esthétique.
YES FUTUR, une parade à énergie humaine sur char vélotractés, prolonge elle aussi l’idée que l’essentiel est à vivre et à construire au présent, avec nos contemporains, dans un respect de tous et de notre planète épuisée dont les ressources se raréfient. Elle a -et conséquemment nous avons - besoin de l’implication et des énergies de chacun.